Sauvez les Abeilles !
Évidemment quand on pense “abeilles” on peut penser directement au bourdonnement annonciateur de piqûres !
On oublie que les abeilles sont un maillon indispensable de la chaîne écologique : insecte pollinisateur majeur, c’est tout simplement grâce à elle que nous pouvons nous nourrir.
On estime que 75% de la production mondiale (fruits, légumes, plantes fourragères, noix, etc.) dépend de l’activité de ces insectes. Et le miel !
D’une richesse incroyable pour la santé du corps humain, un goût divin pour nos papilles, une réelle alternative au sucre industriel, un vrai trésor pour l’humanité.
Or, ces vingt dernières années, la production de miel dans l’Hexagone a été divisée par deux.
Alors oublions les piqûres qui sont très rares et inoffensives (sauf pour les personnes allergiques). Vous le savez, contrairement aux guêpes ou aux frelons, l’abeille perd son dard lorsqu’elle pique ce qui la condamne automatiquement.
C’est un mécanisme de défense qu’elle n’utilise qu’en cas d’agression, donc à moins de les provoquer, même en étant assez proche d’une ruche, vous ne risquez rien.
Le fabuleux monde des abeilles
Les abeilles forment un clade d'insectes hyménoptères de la super-famille des Apoïdes (rien que ça). Notre abeille européenne bien connue s’appelle Apis mellifera, et parmie elles, la star des butineuses, l’abeille noire Apis mellifera mellifera : plutôt trapue et velue, noire ou brun foncé, avec parfois, à la base de l’abdomen, des taches brunes ou jaunes, c’est une race très ancienne prisée par les apiculteurs.
Toutes les abeilles ne produisent pas de miel, mais se nourrissent tout de même du nectar des fleurs. Leur durée de vie peut aller jusqu’à 10 mois en hiver alors qu’elle se limite à un mois en été. Elles n’ont aucunement besoin de l’être humain pour vivre : si celui-ci lui facilite la tâche avec les rayons pré-construite dans des ruches, elles sont tout à fait capable de construire des nids dans la nature.
Notre Apis mellifera, ou abeille domestique, est un animal social capable de communication. Pour retrouver le chemin de la ruche, l’abeille a un système de navigation très développé, elle mémorise des repères au sol et s’oriente avec le soleil. Elle est même capable de percevoir le champ magnétique de la Terre ! Pour communiquer “les bonnes adresses” - autrement dit les champs de fleurs - aux autres butineuses, l’abeille qui revient à la ruche chargée de pollen effectue une danse mystérieuse…
En fait, avant de rentrer dans la ruche, elle ‘mesure’ l’angle entre la direction de la fleur et le soleil puis rentre dans la ruche et se positionne au niveau de l’angle ainsi calculé pour effectuer sa danse (le soleil étant positionné symboliquement sur le haut du rayon dans la ruche, au niveau 0° si l’on veut, ou au Nord, si on pense à une carte).
Sa danse en huit s’effectue donc le long de l’axe qui indique la direction du champ de fleurs et, tenez-vous bien, le nombre de frétillements, de courbes, effectués dans sa danse indique une distance ! Pour notre espèce commune, un frétillement compte pour 20 mètres. Si l’abeille frétille 5 fois, trace 5 courbes au sol, eh bien le champ se trouve à 100 mètres ! Tout simplement fascinant.
Ce que les abeilles offrent à l’humanité
Entre la pollinisation et les produits de la ruche, les abeilles sont de véritables alliées pour l’homme, il n’est jamais trop tard pour s’en rendre compte !
La pollinisation
La plupart des aliments que nous consommons sont obtenus grâce à la pollinisation naturelle des insectes. Cette pollinisation dite “entomophile” constitue un service écosystémique clé évalué à ... 265 milliards de dollars !
Bien entendu, il ne s’agit pas de leur ‘véritable’ valeur, car si la pollinisation venait à disparaître, ce service écosystémique étant irremplaçable, la valeur de ces cultures serait en fait inestimable. Non seulement la pollinisation nous fournit nos plantes et nos légumes, mais elle permet aussi de reproduire les plantes fourragères utilisées pour la production de la viande et des produits laitiers.
Pour obtenir un fruit, il faut que la fleur femelle soit fécondée par le pollen de la fleur mâle. C’est là que les abeilles interviennent : en poursuivant leur propre activité de récolte du nectar et du pollen, en butinant de fleur en fleur, elles font naturellement transiter le pollen d’une fleur à l’autre, permettant la fécondation des végétaux.
Pour sa propre consommation et survie, l’abeille aspire le nectar de la fleur dans son jabot. Mais pour le pollen, elle le brosse sur son corps avec ses pattes avant et le rassemble en pelote qu’elle transporte sur ses pattes arrières jusqu’à la ruche.
Les produits de la ruche
Le miel
Parlons cuisine : les saveurs du miel sont fortes et appréciées dans de nombreux plats. Qu'il soit d'acacia, de sapin, châtaignier ou encore "toutes fleurs", le miel remplace volontiers le sucre dans de nombreuses recettes sucrées comme salées.
Incontournable dans la recette du pain d'épice, le miel sucre et parfume de nombreux autres desserts : gâteaux, glace, salades de fruits, etc. En cuisine, il permet de préparer de délicieuses marinades et sauces sucrées-salées : miel-sauce soja, miel-vinaigre balsamique... Le miel caramélise sous l'effet de la chaleur et permet ainsi de laquer joliment les viandes.
Le miel est une alternative toute trouvée au sucre blanc qui acidifie votre estomac.
Parlons santé : depuis longtemps, on l’utilise pour soigner le mal de gorge, la toux, et pour cicatriser les plaies.
En effet, le miel contient de l’acide formique antiseptique et des inhibines, des substances qui freinent la prolifération bactérienne. La principale inhibine est de l’eau oxygénée, sécrétée par l’abeille lors de la fabrication du miel. Le miel de thym, par exemple, renferme de l’acide borique que l’on appliquait autrefois en solution sur les plaies difficiles à soigner. Acidité et inhibine s’allient donc pour empêcher la prolifération bactérienne, ainsi que l’inflammation. Le miel intervient ainsi à toutes les phases de la cicatrisation. Il favorise également la capacité de rétention du magnésium et du calcium du corps.
La cire
Elle aussi cicatrisante, la cire d’abeille contient de la vitamine A. Elle est présente dans tous les excipients basiques, on peut en faire des compresses anti-toux mais aussi des cataplasmes pour soulager les rhumatismes ou des gélules pour apaiser les intestins.
Et bien sûr, vous connaissez les bougies en cire d’abeille, au parfum si chaleureux.
La propolis
La propolis est un enduit que les abeilles fabriquent à partir des diverses résines qu’elles recueillent sur les bourgeons et l’écorce des arbres.
Elles en enduisent l’intérieur des ruches pour garantir étanchéité, solidité et asepsie. Grâce à sa teneur en flavonoïdes, on confère aux compléments alimentaires de propolis des propriétés antiseptiques, antibactériennes et antioxydantes.
Elle est riche de plus de 300 molécules actives, dont des composés antiviraux, antibactériens, antis tumoraux. La composition de la propolis varie en fonction de l'origine géographique et de la flore butinée. Les propolis ont des effets antioxydants très puissants et ont une action ciblée sur les bactéries et les virus.
La gelée royale
La gelée royale contient des sucres, des protéines, du gras, des minéraux, des vitamines et des oligo-éléments. En complément alimentaire, la gelée royale est utilisée pour réduire les symptômes de la ménopause, la fatigue physique et intellectuelle, le stress, mais aussi pour renforcer l’immunité.
L’activité humaine, responsable du syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles
Tous les facteurs - et il y en a plusieurs - qui contribuent à l’effondrement des populations d’abeilles, domestiques mais aussi sauvages, sont directement ou indirectement liés à l’industrialisation, la rationalisation des cultures. Les abeilles sont attaquées sur de nombreux fronts :
Tout d’abord, l’usage de pesticides
Les insecticides représentent la menace la plus directe pour les pollinisateurs. Ils sont utilisés en grandes quantités dans l'environnement, essentiellement dans les régions agricoles. A haute dose, ils tuent directement, à faible dose, ils affectent le développement et la santé des abeilles à 3 niveaux :
- Effets physiologiques directs sur le développement et/ou à l’origine de malformation
- Interférences avec le comportement alimentaire : effets répulsifs, anti-appétants ou réduisant les capacités olfactives
- Perturbations du comportement de butinage, avec des effets sur le système de navigation tel qu’il est construit chez les abeilles. En effet, les pesticides neurotoxiques impactent les processus d’apprentissage (reconnaissance des nids et des fleurs, orientation spatiale, etc.).
Conjointement avec la fragmentation des habitats et l’éradication des adventices
Les pratiques destructrices qui restreignent les capacités de nidification des abeilles ainsi que l’épandage d’herbicides font de l’agriculture industrielle l’une des principales menaces pour les communautés de pollinisateurs.
Entre la floraison du colza, au printemps, et celui du tournesol, fin juillet, les abeilles n’ont tout simplement plus rien à butiner et se retrouvent en carence alimentaire durant plusieurs semaines. La disparition des haies d'aubépine, mais aussi des prairies où fleurissent la luzerne et le sainfoin amenuisent encore la ressource.
Des abeilles fragilisées et plus sensibles aux infections parasitaires
Le varroa destructor, un acarien ectoparasite invasif, représente une grave menace pour l’apiculture dans le monde. De nouveaux virus et agents pathogènes circulent avec le déplacement des ruches et des colonies qu’effectuent les apiculteurs pour suivre les périodes de floraison des cultures.
L’importation accidentelle du frelon asiatique en 2004 a également créé de nombreux dégâts. Le brassage génétique du fait de l’importation massive de reines issues d’autres sous-espèces crée également des perturbations. En effet, elles sont mal adaptées aux écosystèmes hexagonaux : types de fleurs disponibles, périodes de floraison, climat.
N’hésitez pas à vous procurer des ruches !
Face aux déclins des pollinisateurs, si vous avez un bout de jardin, c’est le moment d’y placer une ruche pour abeilles - ou à défaut un nichoir ou un dortoir pour abeille !
Si vous avez un peu de terrain, réenvisagez la manière de promouvoir la diversité en ne désherbant pas systématiquement : il y a de nombreuses façons de structurer un jardin en accompagnant le vivant plutôt qu’en l’y contraignant. Les plantes mellifères, qui attirent les pollinisateurs, sont très jolies, très colorées et ne demandent pas d’entretien : bruyère, ail des ours, lavande, sauge des prés, trèfle, pissenlit, etc.
Observer les abeilles aller et venir, ramener des pelotes de pollen dans la ruche est très satisfaisant. De nombreux modèles de ruches permettent également grâce à une petite trappe facile à enlever de vérifier ce qu’il se passe dans la ruche : vous pourrez suivre l’avancée des “travaux” ! Source d’inspiration garantie :)
Si vous êtes vraiment passionné, vous pouvez aussi vous rapprocher des conservatoires régionaux de l’abeille noire, l’apis mellifera mellifera, qui œuvre pour la conservation du patrimoine génétique de cette race d’abeille. L’apis mellifera mellifera est une butineuse hors pair et à ce jour la mieux adaptée à nos latitudes (climat, floraison). Mais les importations massives de reines italiennes, grecques ou hybrides de plusieurs sous-espèces affaiblissent le génome et rendent les espèces moins résistantes face au varroa et autres parasites. Le conservatoire est ouvert à tous les apiculteurs, amateurs et professionnels sensibilisés à la perte de diversité génétique chez les abeilles à la suite des multiples hybridations que subissent les colonies.
Si vous êtes consommateur de miel, il est également très important de vous fournir auprès d’apiculteurs locaux. Non seulement pour les soutenir économiquement et donc également renforcer le développement de la biodiversité près de chez vous, mais également pour votre santé ! On sait aujourd’hui que le miel industriel ne contient parfois tout simplement PAS de miel !
Pour être en cohérence avec ce qui nous tient à cœur, nous reversons un pourcentage des recettes de ce site pour la préservation des abeilles.
La voici en photo ! La ruche que nous avons parrainée cette année grâce à nos clients ! Nos 4000 abeilles noires butinent joyeusement dans le Massif Central, en Corrèze (le "Pays vert"), aux portes du Parc naturel de Millevaches, en Limousin.
Plus d’informations : des abeilles et des hommes !
-----
SOURCES :
Pourquoi les abeilles disparaissent, Laure Cailloce, CNRS Le Journal, 2016
https://lejournal.cnrs.fr/articles/pourquoi-les-abeilles-disparaissent
C’est pas sorcier. Le déclin des abeilles, France 3
https://youtu.be/cIhyqCPZprA
Journée mondiale des abeilles, UNESCO
https://fr.unesco.org/news/journee-mondiale-abeilles-20-mai-2020
Le Déclin des abeilles. Analyse des facteurs qui mettent en péril les pollinisateurs et l’agriculture en Europe, Laboratoires de recherche de Greenpeace, Avril 2013
https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2017/03/le-declin-des-abeilles.pdf
Le site du conservatoire de l’abeille noire en Centre Val de Loire
https://www.abeillenoire.eu/cms/
-----